Il nous reste 10 ans pour sauver le climat, nous disent les scientifiques du GIEC. Confrontés pour la première fois à la finitude de la planète, nous devons faire face à une crise climatique, écologique, économique et sociale qui remet en cause le mode de vie des pays dits « développés ».

Alors qu’on s’attendrait à ce que des propositions soient faites pour réorienter au plus vite ce modèle mortifère vers des pratiques plus saines et plus durables, nos institutions et classes politiques semblent impuissantes. Les recettes du XX° siècle ne fonctionnent plus et les conservatismes des lobbies freinent le potentiel de renouvellement de nos visions du monde.

Mais ils ne sont pas seuls. C’est toute notre société qui a du mal à reconnaitre l’importance des défis auxquels elle est confrontée, tant ils nous obligent à réviser les modes de production et de consommation dans lesquels nous nous sommes installés. Quand allons-nous enfin sortir des sentiers battus, et rebattus, du productivisme ? La dernière génération en capacité de tout changer restera-t-elle sans rien faire ?

 

La Planète B des Alternatiba où il fait bon vivre

Et bien nous aurions tort de se résigner : des modes de vie alternatifs permettant de vivre dans le respect de l’Homme et de la Nature existent déjà. Monnaies locales et complémentaires, éco-habitat, relocalisation des activités et circuits-courts, sobriété énergétique et énergies renouvelables, agriculture biologique, permaculture, éducation populaire, médiasphère, alternatives démocratiques…Le poète a toujours raison : « un autre monde existe et il est dans celui-ci ».

En creux, des milliers d’acteurs sont en train de donner vie à un imaginaire renouvelé, à hauteur d’homme et de femme et à la mesure de notre planète. Des citoyens et des citoyennes innovent sur nos territoires pour préparer l’avenir de façon positive et résiliente. De par leurs actions, ils remettent la convivialité, la solidarité, le partage, l’humilité au gout du jour.

Surtout, ces « alternatives » permettent d’envisager l’émergence d’une « planète B », durable, solidaire et fraternelle, option crédible à la planète A, ravagée par les conséquences du dérèglement climatique, planète que nous léguerons à nos enfants si nous n’agissons pas maintenant…

C’est cette planète B que cherche à faire exister dans l’espace public, au plus près des gens, la dynamique citoyenne des Alternatiba. Notre objectif ? Montrer de façon conviviale que la généralisation de ces alternatives peut résoudre les différentes crises, si chacun de nous fait le choix de se les approprier, sans retourner à l’âge de pierre, et en y prenant même du plaisir !

 

Au-delà du cercle des convaincus : toucher un public large

Le militantisme « de niche » du XX° siècle a permis de développer une expertise citoyenne sans précédent et de gagner quelques batailles isolées, mais il a échoué à mobiliser la société dans son ensemble. Nous voulons aller au-delà des militants convaincus et toucher un public peu informé, peu concerné, voire en opposition avec les alternatives existantes.

Nous souhaitons dialoguer avec tout le monde, car nous pensons que c’est en éveillant les non-éveillés que la transition sociale et écologique se concrétisera. Les citoyen(ne)s présents sur le village sont d’ailleurs les seul(e)s juges des alternatives présentées sur les villages.

Si nous pensons que le changement de société s’organisera par la base, sur le terrain, nous savons aussi que l’accompagnement des institutions, par le haut, est indispensable. Nous voulons aussi bousculer la léthargie de nos dirigeants et les inviter à construire un autre modèle avec nous. La résilience nous invite à explorer un maximum de « pistes de changements » possibles, et plus on aura de chemins « en branle » moins on risquera de se tromper. C’est la diversité, l’intelligence et la force du collectif qui nous permettront de remporter ce pari inédit.
Une dynamique qui remobilise la jeunesse et bouscule les certitudes

Si Alternatiba souhaite garder son indépendance vis-à-vis des partis politiques traditionnels, sa dimension politique est clairement assumée. Car l’enjeu est bien de proposer une grille de lecture du monde alternative, que nous jugeons apte à apporter des solutions plus adaptées à ce que nous vivons.

Alternatiba fait le pari de former une nouvelle génération de militants, qui diffuse dans la société un imaginaire vertueux, capable à la fois de pallier aux dysfonctionnements de la Révolution Industrielle, de dépasser le système de croissance et de maintenir nos acquis en matière de justice sociale. Tout en dénonçant les fausses solutions et les habillages verts.

Ces militants, souvent des jeunes mais aussi des moins jeunes, n’hésitent pas à bousculer les certitudes du siècle dernier et à s’appuyer sur la créativité citoyenne.

Le rôle premier d’Alternatiba est de permettre aux citoyens de prendre confiance en leur capacité collective de changer les choses, de participer ici et maintenant aux transitions nécessaires pour transformer nos modes de production, de consommation, de transports, d’aménagement du territoire… Bref, de « changer de système pour ne pas changer de climat ».

Alternatiba n’est donc pas une énième association qui se bat sur un champ spécifique – il en existe bien assez qui font du très bon boulot – mais plutôt une dynamique, un processus citoyen, qui vise à relier l’existant, à rassembler plutôt que diviser (ce sont 98 réseaux et associations qui ont répondu à l’appel de Bayonne), et qui préfère apporter des solutions concrètes plutôt que de culpabiliser les populations.

Et si on peut se retrouver à la buvette ou au concert du village pour en discuter, pourquoi pas ? Car Alternatiba c’est surtout une fête populaire, une fête qui s’approprie l’espace public pour y créer du lien entre les générations, les cultures, les classes sociales tel un bal populaire contemporain.

 

Un fonctionnement horizontal et transparent

Alternatiba fonctionne dans un souci d’indépendance et de transparence, selon les principes de la communication non-violente, de la démocratie directe et participative, et de l’autogestion.

Un kit méthodologique a été réalisé pour aiguiller les citoyens qui voudraient se lancer dans l’aventure. Toutefois, chaque alternatiba reste libre de définir les outils et les méthodes qu’ils jugent les plus adéquats, ainsi que les valeurs sur lesquelles se basent le projet, souvent précisées dans une charte locale.

Nous sommes organisés la plupart du temps en commissions transversales destinées à gérer l’organisation de l’évènement (par exemple commission du contenu thématique, commission de la logistique…) et en commissions thématiques représentant chacune un espace du village (par exemple commission alimentation, commission énergie…).

Chacune de ces commissions est autogérée et dispose d’un coordinateur qui n’est pas un supérieur hiérarchique mais qui a la responsabilité de faire le lien avec les autres coordinations. Toutes les décisions sont prises au consentement mutuel en coordination générale, ce qui implique de débattre jusqu’à trouver une solution commune.

Chaque coordination locale des Alternatiba fait partie de la coordination européenne des Alternatiba qui a lieu tous les trois à quatre mois dans une ville différente.

 

Des alternatives partout et pour tous !

Bayonne, le village fondateur, en octobre 2013, puis Agen, Gonesse, Nantes, Paris, Lille, Ciboure-Socoa et Bordeaux en septembre et octobre 2014 : en tout, ce sont plus de 62 000 personnes qui ont déjà visité les villages des alternatives au changement climatique !

Mais ce n’est pas tout : près de 1700 bénévoles ont participé à la préparation et à la mise en place de ces 8 premiers Alternatiba, auxquels il faut rajouter les milliers d’exposants, intervenants, artistes qui les ont animés. Entre dix et vingt mille personnes ont assisté à leurs conférences et tables rondes sur le dérèglement climatique, sur la COP21, sur les fausses solutions, sur les alternatives et démarches de transition sociale et écologique.

La vague Alternatiba s’amplifie et va continuer tout au long de l’année 2015. 38 autres Alternatiba sont en effet d’ores et déjà en cours de préparation en France, mais également dans plusieurs pays Européens. Un tour de France en vélo tandem de 5 000 km est également prévu en amont de la COP21 durant l’été 2015 pour relier toutes ces initiatives.

A un an de la COP21 à Paris, le dérèglement climatique dans le collimateur

Alternatiba est membre du Collectif pour une Transition Citoyenne, et participe à la coalition Climat 21. Nous avons souhaité faire de la lutte contre le réchauffement climatique, ou devrait-on dire plutôt de la mise en place d’une organisation sociétale post-carbone et relocalisée, le fer de lance des villages des alternatives.

En effet, une fois perdue, la bataille climatique ne pourra jamais être regagnée, quelques soient les lois que l’on votera alors. Comprendre cela, c’est comprendre que si la crise climatique s’emballe, elle deviendra la mère de toutes les crises… La lutte contre la crise énergétique à venir et le changement climatique n’est pas seulement une contrainte, elle est aussi une opportunité formidable pour construire ensemble un avenir plus humain.

A un an de la COP21, l’important sommet Onusien sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015, la Coordination Européenne des Alternatiba appelle la population, et en particulier les jeunes générations, à renforcer cette dynamique massive des Alternatiba.

Au-delà de nos différences, rassemblons toutes les forces d’avenir possible et prenons de l’avance sur nos dirigeants, montrons leur le chemin à suivre pour engager la transition ! Montrons leur que nous sommes déterminés.

Pour nous, pour nos enfants.